Le terme « teen movie » veut tout simplement dire film d’adolescent. Ce genre met en scène des personnages ados et leur passage à l’âge adulte. Il traite de la rébellion contre la société et les parents, le désir de s’intégrer, le premier amour, la première fois, le sentiment d’aliénation bref toute la crise d’ado.
Ce genre nait à l’époque de l’ « invention » de l’adolescence, c’est à dire après-guerre avec les baby boomers qui sont une génération très nombreuse, à une époque de prospérité économique donc qui a beaucoup d’argent de poche à dépenser dans les loisirs. Ils n’ont pas à travailler dès la fin du collège contrairement aux générations précédentes et se créent une culture propre entre enfance et âge adulte.
Les producteurs veulent profiter de cette manne financière que sont ces adolescents et ils créent des films qui leur sont dédiés. L’un des plus célèbres premiers teen movie est La Fureur de vivre réalisé en 1955 par Nicholas Ray, ce film rendra célèbre James Dean et fera de lui une icône. Comme tous les premiers teen movie c’est un film assez dramatique, voire tragique. Petit à petit le genre ira de plus en plus vers la légèreté et le comique. Le teen drama sera relégué à la télévision ou à la science fiction. Il y a dans les années 70, une seconde ère du teen movie. Ceux-la sont entre deux genres, un mélange de comédie et de drame, on le voit avec Un Eté 42 réalisé par Robert Mulligan, Class of ’44 de Paul Bogart puis American Graffiti de George Lucas (oui, ce George Lucas).
Le genre va définitivement vers la comédie, même l’humour gras avec Animal house en 1978 qui raconte la vie d’une fraternité universitaire. En France à la même époque sort A nous les petites anglaises ou La Boum 1 et 2 qui sont (plus ou moins) du même tonneau. John Hugues même s’il le fait de façon plus subtile ( pas toujours cf Weird Science) continue dans la même veine dans les années 80. Cependant il est l’un des seuls à avoir donné une légitimité critique au genre, notamment avec son chef d’oeuvre qui joue avec les stéréotypes de celui-ci : Breakfast Club. Le genre explose en terme de popularité dans les années 90 avec American Pie. J’ai casé les teen movie dans la catégorie romantique car avec le sexe, l’amour (le premier amour particulièrement) est le sujet principal de ces films. C’est un genre très stéréotypés avec de nombreux archétypes (du coup cet article sera facile à faire).
Clichés:
La pom-pom girl :
Le lycée est un environnement à la hiérarchie sociale stricte en terme de popularité. A sa tête, il y a la fille la plus aimée. Elle est souvent, mais pas systématiquement, chef de l’équipe de pom-pom girls, elle est belle et blonde aux yeux bleus . Elle est cruelle et aime à humilier les gens moins beaux et moins populaires. C’est une narcissique, une fille à papa (qui est généralement très riche), une snob et une fashionista. Elle est généralement l’ennemie de l’héroïne, c’est LA méchante du teen movie. Les exemples sont innombrables il y a Regina George dans Mean Girls , Heather Chandler dans Heathers, Brooke dans Kick-ass 2 Cordelia Chase dans Buffy contre les vampires, Naomi Clark dans 90210. Ce cliché a souvent été subverti, dans Clueless Cher Horowitz y correspond mais est une gentille fille. Buffy est comme ça au début de la série mais elle finit par changer au fur et à mesure lorsqu’elle devient tueuse de vampires, Cordelia fera d’ailleurs de même. Parfois on donne à ce personnage une vraie profondeur et un passé lourd (certains diraient une excuse freudienne) qui explique son comportement. Par exemple Naomi Clark a une vie de famille difficile et a été violée.
Le Geek :
Il se situe tout en bas de la hiérarchie du lycée, il est impopulaire et très souvent victime de harcèlement de la part des membres de l’équipe de foot américain qui le frappent ou l’enferment dans un casier . C’est souvent quelqu’un de très intelligent il a d’excellentes notes, il s’y connaît en nouvelles technologies, il adore Le Seigneur des anneaux, World of Warcraft etc… Il passe beaucoup de temps devant son ordinateur. Il peut aussi faire parti du club d’échecs. Il a sa petite clique d’amis geek mais il est très peu sociable, il est puceau, n’a jamais eu de petite amie et il est très peu à l’aise avec les filles. Il est assez laid porte des lunettes et un appareil dentaire. Il est aussi asthmatique et utilise son inhalateur constamment. Tout ça ne l’empêche pas de fantasmer sur la plus belle fille du lycée qu’il réussira à séduire. C’est un personnage positif qui attire notre sympathie.
Le Jock :
Il est généralement le petit ami de la pom-pom girl. Il est quaterback de l’équipe de foot américain, il est grand, beau, populaire. Toutes les filles veulent coucher avec lui et tous les mecs veulent être son pote. Selon les films il est soit un gentil garçon qui n’aime pas tyranniser les plus faibles et finira par sortir avec une fille impopulaire ou alors un gros salaud qui aime maltraité tout le monde particulièrement, les geeks et autres premiers de la classe. Dans le dernier cas il est aussi incroyablement stupide et très mauvais élève, mais il ira quand même dans une grande université grâce à un « sport scholarship », une tradition américaine qui permet aux (très) bons sportifs de faire de grandes études, en échange ils doivent jouer pour l’équipe universitaire, gagner beaucoup de matchs et ainsi rapporter des pépettes à l’Université. Il est parfois un homosexuel « dans le placard » qui fait du sport parce que son père l’exige/pour se prouver à lui-même sa masculinité. Ce cliché vient de l’importance qu’a le sport dans la société américaine, il est aussi issu d’un autre cliché (international celui-là) qui veut que les sportifs soient des crétins.
Le rebelle :
C’est l’un des plus vieux clichés du « teen movie », un peu disparu aujourd’hui. Le rebelle est un très beau jeune homme ténébreux qui a un lourd passé. C’est un écorché vif qui rejette l’autorité, celle des profs comme de ses parents. Il rejette aussi les cliques et la « hiérarchie sociale » du lycée, c’est un grand solitaire il ne se mélange pas aux autres, bref il est trop « dark ». Il peut prendre de la drogue mais ce sera une drogue ancienne type opium ( petit aparté: dans les films on fait souvent la différence entre la « bonne » drogue qui rend un perso cool type absinthe, opium etc… et la « mauvaise » drogue type cocaïne ou héroïne qui fait d’un perso soit un méchant soit une larve pathétique). Il aura une histoire d’amour soit avec une pom-pom girl soit avec une intello chouchoute des professeurs dont il changera la vision de la vie. Le meilleur représentant de ce stéréotype est James Dean dans La Fureur de vivre. Ce cliché est très ancien c’est une version moderne du héros byronien.
Le bal de fin d’année :
Un passage important pour tout teen movie (américain) qui se respecte. Le bal de fin d’année constitue souvent le climax du film. Il y a une montée en tension, on se demande qui va y aller avec qui, le héros lorsqu’il/elle est moche et impopulaire se demande s’il/elle pourra y aller tout court, car il est évidemment interdit de s’y rendre sans cavalier ou cavalière. Le bal est très classe on y vient en costume avec nœuds papillons pour les garçons, en grande robe pour les filles. Le garçon s’il est attentionné (et en a les moyens) peut même emmener sa cavalière au bal en limousine. On élit un roi et une reine du bal ce qui mène à des tractations, des manipulations, la méchante pom-pom girl voulant absolument être reine, elle est généralement battue par une geek. Cet aspect du cliché est subverti dans Carrie où la méchante pom-pom girl fait tout pour que Carrie soit élue et ainsi l’humilier publiquement. Le bal est un moment magique et très romantique qui a un côté conte de fées.
Le garçon a réservé une chambre d’hôtel (décidément ce genre de soirée peut revenir cher) pour que lui et sa cavalière « le fassent » ensemble pour la première fois après le bal. Enfin, c’est la première fois pour elle, rarement pour lui. Il se passe alors généralement deux choses soit la fille est une « good girl » et décide qu’elle n’est vraiment pas prête, alors son copain qui révèle sa vraie nature de « salaud » l’insulte et la quitte. Soit ils vont jusqu’au bout et lorsque la fille se réveille elle est seule dans le lit, son copain ne répond plus à ses appels, garde ses distances, l’évite quand il la voit bref il a eu ce qu’il voulait et est passé à autre chose. Ce cliché est subverti dans American Pie car les sexes sont inversés, lorsque Jim se réveille il s’aperçoit que Michelle est partie et l’a utilisé (mais il est quand même content de s’être dépucelé donc ça va).
Tu ne me comprends pas ! :
Un ado dans ce genre de film est en constant conflit avec ses parents, lesquels sont très souvent inutiles et ne comprennent rien à rien. Cela caresse dans le sens du poil le public de ces films qui sont les ados eux-mêmes. Ce cliché est évité dans American Pie où Jim est constamment sauvé de situations extrêmement gênantes par un père (très) compréhensif. Tous ceux qui ont vu le film auraient aimé avoir un père comme Noah Levenstein
Casiers :
Toutes les discussions importantes se passent près des grands casiers en fer où les lycéens rangent leurs affaires. Beaucoup d’élèves de 6ème français ont dû fantasmer sur ces casiers, ils leur auraient éviter de porter 50 kilos dans leur cartables.
Dawson casting :
Les lycéens dans les « teen movie » sont toujours joués par des acteurs ayant 25-30 ans voire plus, ce que y est moyennement crédible même si ça dépend avant tout de la tête des acteurs. Aux usa certains appellent cela le « Dawson casting » du nom de la célèbre série, ce qui est injuste car James van der Beek qui joue le héros éponyme avait à peine 20 ans à l’époque et Katie Holmes était réellement au lycée.
Du cul! du cul! du cul! :
Selon les teen movie tous les ados (je dis bien TOUS) sont obsédés par ça.
Une petite soirée entre amis :
Très souvent le héros va profiter d’une absence de ses parents pour organiser une fête avec ses amis proches, seulement ces amis amène des amis à eux qui amène des amis… et la petite fête se transforme en bacchanale, il y a de la drogue, de l’alcool, du sexe, notre héros retrouve chez lui des gens qu’il ne connaît pas. Les « invités » salissent tout et cassent le vase ming préférée de maman etc… La mésaventure servira de leçon au personnage.
Ivy League :
Tous les persos postulent pour une université de l’ivy league et le plus souvent ils réussissent l’examen. On appelle ivy league le groupe d’universités les plus prestigieuses des USA comme Harvard, Yale, Columbia, Princeton, Brown etc… mais seulement 16% des américains ayant fait des études supérieures y sont allés, donc c’est moyennement crédible.
La fin d’une époque :
L’adolescence c’est le difficile passage à l’âge adulte. Les teen movie se passent généralement dans la dernière année de lycée et les personnages vont donc se quitter (et leurs parents, leur ville etc…) pour aller dans leurs universités respectives. Il y a souvent une ambiance mélancolique à la fin, avec une cérémonie de remise des diplômes émouvante.
Harcèlement scolaire:
Un autre grand thème du teen movie, il est lié au sujet de la hiérarchie sociale. Tous les rejetés se font moquer insulter, battre, enfermer dans des casiers etc… C’est quelque chose qui est existe partout mais particulièrement aux USA où ça prend des proportions dramatiques et a mené à de nombreux suicides. Ceci dit le harcèlement scolaire existe surtout en primaire et au collège, il est beaucoup moins présent au lycée où les gens sont plus matures, alors qu’Hollywood le représente essentiellement à cette période.