Super-héros

Les super-héros naissent dans les comics de bas étages, à la fin des années 30. Ce sont des justiciers masqués, dotés de pouvoirs surhumains, avec un costume et une identité secrète. Ils s’inspirent de personnages mythologiques comme Hercule ou Achille, de héros bibliques comme Moise et Samson mais aussi de héros de roman-feuilletons du XIXème siècle comme Rocambole, Zorro, Fantômas ou Edmond Dantès. Mandrake le magicien et Le Fantôme sont des précurseurs apparus en 1935 et 1936. C’est avec la création de Superman en juin 1938 par Jerry Siegel et Joe Shuster que le genre décolle. La bd est publiée par une jeune maison d’édition promise à un brillant avenir : D.C Comics (elle va aussi bien roulé les créateurs de Superman mais c’est une autre histoire). En 1939 Bob Kane crée Batman pour D.C comics. En 1940, sont lancés Flash Gordon et Green lantern. La même année l’éditeur Timely Comics crée la collection Marvel Comics (elle aussi promise à un brillant avenir) où sont publiés La Torche Humaine et le Capitaine Marvel. En 1941, avec l’entrée des USA dans la seconde guerre mondiale on crée des héros patriotiques comme Captain America ou Wonder Woman.

Le genre est un immense succès et les super-héros les plus populaires voient leurs aventures adaptées en feuilletons radiophoniques et dessins animés. Le cinéma s’en empare vite mais les adapte sous forme de serial, c’est à dire des films de série B à très petits budgets avec des histoires qui se suivent sur une quinzaine d’épisodes et qui finissent (sauf le dernier) sur des cliffhangers . C’est un peu l’ancêtre des mini-séries modernes. Cela commence dès 1939 avec Mandrake le magicien, en 1941 il y a Les Aventures du capitaine Marvel, Batman en 1943, Captain America en 1944 et Superman en 1948. Dans les années 50, l’industrie du comics (c’est devenu une vraie industrie entre temps) a beaucoup de problèmes. Certains accusent les comics d’être ultra-violents, sexualisés et de pousser la jeunesse dans l’immoralité. Il y a à cette époque une montée de la délinquance juvénile aux USA, et les comics sont pour beaucoup de gens les responsables. On accuse même Batman et Robin de pousser à l’homosexualité (et d’être eux-même un couple gay) et Wonder Woman de promouvoir le sado-masochisme. L’Etat menace d’intervenir, les éditeurs s’imposent donc un code d’autocensure : le Comics code Authority. Cela, ajouté à la baisse de popularité des serials, fait que les super-héros disparaissent du grand écran. Le super-héros renaît à la télévision avec Les aventures de Superman diffusé entre 52 et 58. Dans les années 60 il y a la kitschissime série Batman avec Adam West, qui est un vrai succès. Mais le genre n’est toujours pas pris au sérieux.

Cela change en 1978 avec le Superman réalisé par Richard Donner. C’était la première fois qu’un film de super-héros était un film de série A, à gros budget (le plus gros de l’Histoire à l’époque), avec de grands acteurs comme Marlon Brando, Gene Hackman, Margot Kidder etc. Au début, les producteurs voulait faire un film kitsch comme la série Batman. Cependant, Richard Donner a refusé et avec son scénariste, Tom Mankiewicz, en a fait un film sérieux avec des références christiques, en s’inspirant de la théorie du monomythe du narratologue Joseph Campbell. Toujours est-il que le film a été un triomphe absolu avec 300 millions de dollars de recettes et trois nominations aux oscars. Il aura 3 suites dans les années 80. En 1989, le Batman de Tim Burton est un vrai phénomène de société à sa sortie durant l’été. Il faut dire qu’il y a tout un battage médiatique autour du film et surtout énormément de marketing. On a appelé cela la « batmania ». Si le film rapporte l’énorme somme de 411 millions de dollars, les produits dérivés du film en rapportent plus de 750 millions . Le Batman de Burton est non seulement sérieux mais il est très sombre et très adulte, il a aussi une touche artistique qui s’inspire du néo-expressionnisme allemand. Tout cela est très nouveau à l’époque pour un film de super-héros. Ce film influencera beaucoup le genre dans ses thèmes, ses techniques cinématographiques mais aussi ses techniques marketing. En 1992, Burton sort une suite, Batman, le défi , encore plus sombre. Trop sombre cette fois , des parents se plaignent, Mcdonald’s refuse de promouvoir le film via ses happy meals comme ils l’avaient fait pour le premier film. Cette suite ne rapporte donc « que » 266 millions de dollars de recettes. Warner Bros. décide de changer de réalisateur pour les Batman suivants. Le studio choisit Joel Schumacher, qui emmène les films dans une direction plus kitsch et plus infantile. Le sommet de cette stratégie donnera l’affreux (mais non-intentionnellement hilarant) Batman et Robin, sorti en 1997. La Warner avait demandé à Schumacher de rendre le film le plus « toyable » possible. C’est à dire qu’on puisse vendre facilement des jouets tirés du film. Cela a donné un film horrible esthétiquement ,sans parler du scénario, qui n’a rapporté « que » 238 millions. Ce fiasco a fait qu’il n’y a pas eu un autre Batman avant 2005.

En 2000 X-Men est un succès surprise, qui donnera lieu a de nombreuses suites. En 2002 sort Spiderman de Sam Raimi qui rapporte 821 millions de dollars (dont 100 millions dès le premier week-end d’exploitation). Ce succès fait du film de super-héros la nouvelle vache à lait d’Hollywood. En 2003 sortent Daredevil, Hulk, La Ligue des gentlemen extraordinaire. En 2004 il y a Catwoman, The Punisher. En 2005 sortent Batman Begins et Les Quatre fantastiques. En 2008 sort The Dark Knight qui rapporte plus d’1 milliard et devient lui aussi un phénomène de société, ce film est aussi le chouchou de la critique, il vaudra un oscar posthume à Heath Ledger. Il est considéré comme le chef d’oeuvre du film de super-héros. Iron Man sort la même année et est aussi un immense succès, le film ressuscite la carrière de Robert Downey Jr et lance le MCU. Dans les années 2010 la tendance s’accélère avec les reboots de Spiderman et des 4 fantastiques, Captain America, il y a le retour de superman avec Man of steel , Deadpool, Les Avengers qui rapporte 1 milliard et avec les univers étendus la liste n’en finirait pas. On peut voir que de sous-genre mineur et méprisé, le film de super-héros est devenu le genre le plus populaire et le plus prestigieux.

Clichés :

Le traumatisme qui poussera a devenir un justicier:

Il faut donner une sérieuse motivation à un personnage pour qu’il soit crédible qu’ il décide de mettre des collants et d’aller combattre le crime. C’est là qu’intervient le traumatisme. Le super-héros perdra une figure parentale tuée par des petits voyous dans un vol qui a mal tourné. Cela le poussera à combattre le crime, et de façon symbolique, à se venger. L’exemple le plus célèbre de ce cliché est évidemment Batman avec l’assassinat de ses parents sous ses yeux. Il y a aussi l’oncle de Spiderman qui est tué par des voleurs de voitures. Le père d’Iron Man a été tué par le bataillon V, le père de Superman meurt dans la plupart des adaptations cinématographiques, mais le cliché est subverti car il meurt de façon « naturelle ».

À un moment donné le héros devra affronter ce souvenir et ses démons, Batman, dans le film de Burton, tuera le Joker, assassin de ses parents. Spiderman, lui, « pardonnera » à Sandman, le tueur de son oncle. Ce cliché est évité dans Les Quatre Fantastiques ils n’ont aucun traumatismes et combattent le crime par pur bonté d’âme.
youtube https://www.youtube.com/watch?v=MwUMoBgkF-A&w=560&h=315%5D

Une expérience scientifique qui a mal tourné

Il n’y a pas 10 000 façons de donner des super pouvoirs à un personnage, l’expérience scientifique qui tourne mal est la solution qui s’impose pour les auteurs. On le voit avec Peter Parker qui devient Spiderman après avoir été piqué par une araignée radioactive alors qu’il assiste à une expérience scientifique. Les quatre fantastiques ont été exposés a une dose massive de rayons cosmiques lors d’une mission spatiale. Bruce Banner devient Hulk après avoir été touché par des rayons gamma . Ce cliché est évité par Superman qui est un extraterrestre, et les X-men, qui sont des mutants. Il y a aussi Batman qui n’a pas de super-pouvoirs.

Identité secrète

Le super-héros est masqué, il a donc souvent une identité secrète. Son identité héroique est celle d’une personnalité admirée, son identité réelle est souvent celle d’un type lambda, voire d’un looser méprisé. Par exemple, Clark Kent est un petit journaleux introverti, méprisé par sa collègue Lois Lane, pourtant amoureuse de Superman. Peter Parker est un geek timide, victime de harcèlement scolaire et plus tard est « maltraité » par son rédacteur en chef. Il est relégué dans la friendzone par Mary Jane, pourtant amoureuse de Spiderman. Cela crée un plus grand contraste entre les deux identités et donne au fan de comics geek l’impression que lui aussi, il pourrait être un héros. Le super-héros a peur que son identité secrète soit découverte et qu’on s’en prenne à ses proches. Le méchant cherche toujours à connaitre l’identité du super-héros. Ce cliché est évité dans Iron Man où celui-ci révèle ouvertement qui il est, mais aussi dans X-Men où les héros sont des mutants ne pouvant cacher qui ils sont. Il est subverti dans Hancock où le héros éponyme ne sait pas vraiment qui il est, c’est sa petit amie qui gardait ce secret, qui va le lui révéler.

Double maléfique:

De nombreux super-méchants sont des versions maléfiques du super-héros, ils ont les mêmes pouvoirs, ont des costumes qui se ressemblent, le même âge, parfois la même profession, convoitent la même femme etc. Dans Spiderman 3, il y a Venom, lui-aussi est un homme araignée, surnommé le spiderman noir, que tout le monde confond d’ailleurs avec le super-héros. Eddy Brock, celui qui se cache derrière Venom, est comme Peter Parker un journaliste, mais Peter lui a fait perdre son travail et lui a volé sa petite amie, il veut donc se venger. Dans Iron Man il y a Iron Monger, version maléfique d’Iron Man, il a lui aussi une super-armure. Yellowjacket le méchant d’Ant Man ressemble étrangement au héros éponyme. Superman a comme double maléfique Bizarro, un super héros du monde Bizarro, l’inverse du monde réel. Malheureusement Bizarro n’a jamais été représenté au cinéma , seulement dans quelques épisodes de Smallville.

Ces personnages explorent la face sombre des super-pouvoirs, qu’est-ce qui se passerait si ces pouvoirs qui sont tellement bien chez nos héros tombaient entre les mains de mauvaises personnes ? Ces méchants n’étaient pas d’ailleurs pas toujours fondamentalement mauvais à la base, ils se sont parfois juste laisser prendre par l’hubris de leurs nouveaux pouvoirs. Ils sont ce que deviendraient nos héros s’ils n’avaient pas leurs mentors, leurs amis, leurs familles. De plus, mettre ces super-héros et super-méchants face à face crée un effet ying et yang qui plait toujours.

La Fiancé du super-héros prise en otage :

C’est une figure imposée de ce genre de film, la fiancé du héros est enlevée par le méchant qui la tient en otage pour ainsi forcer le héros à venir et se battre/lui tendre un piège/le forcer à faire un choix cornélien. Le super-héros arrive, fait ce qu’il a à faire et sauve sa fiancé. C’est le vieux truc de la demoiselle en détresse, qui semble avoir disparu des autres genres. Ce cliché est subverti dans The Amazing Spiderman 2 où en essayant de sauver Gwen, Spiderman la tue. Dans Iron Man 3 c’est Peppers qui sauve Tony Stark.

Quelques mots de sagesse d’un vieux mentor :

C’est un autre vieux cliché qui dépasse de loin le genre du super-héros et le cinéma lui-même. Ceci dit il est particulièrement sur-utilisé avec les super-héros. Il y a évidemment Alfred, le majordome de Bruce Wayne qui ne cesse de lui donner de bons conseils. Il lui dit notamment qu’il ne faut pas chercher de logique chez le joker, que certaines personnes veulent juste voir le monde bruler. Il y a aussi l’oncle Ben dans Spiderman qui dit cette phrase restée célèbre « Un grand pouvoir implique de grande responsabilités ».

La police/ l’armée est contre le héros :

Les super-héros sont des justiciers, c’est à dire qu’ils maintiennent l’ordre sans passer par les canaux habituels, un peu comme les milices privées. Ils sont juges et jurés autoproclamés lorsqu’ils arrêtent les truands, et parfois bourreaux lorsqu’ils les tuent. Cela ne plait pas aux forces de l’ordre officielles, puisque cette attitude est totalement illégale, celles-ci considèrent les super-héros comme des fous dangereux et font tout pour les arrêter ou les abattre. C’est probablement ce qui se passerait dans la réalité si les super-héros existaient. On le voit dans The Amazing Spiderman 1 et 2 . Même d’un point de vue purement philosophique l’idée de faire justice soi-même ne plait pas à tout le monde, cet aspect est particulièrement bien exploré dans The Dark Knight avec les deux figures du procureur légaliste Harvey Dent et Batman. Mais Dent sera profondément blessé par le meurtre de sa fiancé (qui est aussi l’ancienne petite amie de Batman) et, paradoxalement, voudra se faire justice lui-même. Il tombera dans le coté obscur du justicier en devenant double-face. En réalité le besoin de justicier se fait sentir lorsque les institutions traditionnelles maintenant l’ordre ont échouées ou sont corrompues, c’est ce que veut dire le commissaire Gordon à la fin du film avec sa célèbre réplique « Parce qu’il est le héros que Gotham mérite. Pas celui dont on a besoin aujourd’hui » Cela se voit aussi dans une scène d’Hancock où le héros est appelé sur la scène d’un braquage de banque, son conseiller en com’ lui dit qu’il est plus sain d’avoir l’appui de la police et que, pour créer un climat de confiance il doit les féliciter, leur dire qu’ils ont fait du bon boulot, il répond « S’ils avaient fait du bon boulot pourquoi on m’aurait appeler ? ». Ceci dit nombreux sont les super-héros qui sont en collaboration avec les forces de l’ordre comme par exemple les Avengers.

Tu ne tueras point :

Le super-héros ne doit pas tuer. C’est l’une des grandes règles non dites du genre. Le méchant doit néanmoins mourir, alors il se détruira lui-même. Ce cliché existe parce que le super-héros se doit d’être un exemple moral surtout que le genre s’adresse, à la base, aux enfants. Il est devenu une figure imposée au moment du règne de la Comics code authority. De plus cela évite un peu le côté juge, juré et bourreau dont je parlais plus haut. Cet aspect existe dans la quasi-totalité des films, je vais donc parler des contre-exemples : ce cliché est évité dans les Batman de Tim Burton où le super-héros tue ses ennemis à tour de bras. Cela a beaucoup été reproché au réalisateur. Le cliché est subverti dans The Dark Knight, Batman refuse de tuer le Joker mais ce n’est pas une solution, parce que le joker dit que leur petit affrontement n’aura jamais de fin car Batman ne veut pas l’abattre et le joker ne veut pas le tuer non plus, car il « s’éclate » bien trop avec lui.

Guerre

Le film de guerre est un genre qui comme son nom l’indique raconte une guerre ou plus justement une histoire se passant pendant une guerre. Il met généralement en scène un groupe hétéroclite d’hommes qui sont très différents mais doivent collaborer pour parvenir à un objectif militaire, ils devront se battre et beaucoup d’entre eux ,voire tous, mourront en cours de route. Ils auront entre eux des liens de forts de camaraderie, à cause des épreuves qu’ils traverseront ensemble, en ce sens le film de guerre est ainsi proche du buddy cop (c’est aussi de toute façon ce qui se passe dans la réalité). Mais le film de guerre est  plus sérieux car il traite d’un sujet tragique , ce que l’Homme peut faire de pire: la guerre. Ces films montrent comment dans cet enfer les hommes peuvent basculer et devenir des fous, des monstres ou des héros . A la guerre la moralité civile n’a plus cours et on laisse libre cours à ses bats instincts avec viols, pillages, meurtres, tortures, massacres, dévastations etc.

 

Le film de guerre traite de guerres relativement proches dans le temps. Généralement on classe un film de guerre dans cette catégorie à partir de la première guerre mondiale. Par exemple, un film qui raconterais la vie de soldats, se battant vivant l’horreur etc… mais se déroulant durant la guerre de 1870 ou la guerre de Sécession sera classé en film historique, mais un film qui raconterait  exactement le même genre d’histoire mais se passant durant la première guerre mondiale et toutes celles qui ont suivi sera classé comme film de guerre. Ceci dit, avant la première guerre les films traitant de la guerre de Sécession ou des guerres indiennes de la fin du XIXème étaient considéré comme des films de guerre.

Les scènes de combat et de violence sont au cœur de ce genre, elles peuvent être là soit pour magnifier la guerre, soit pour la dénoncer. D’aucuns, dont Truffaut, disait que montrer ces scènes c’était de toute façon magnifier la guerre même si le but était le contraire, mais nous verrons cela plus tard. Le film de guerre nait dans les années 1890 avec des films sur la guerre hispano-américaine (1898). En 1910, D.W Griffith réalise The Fugitive un film traitant de la guerre de Sécession. En 1916, il y a le film anglais La Bataille de la Somme, un film de propagande. En 1927, sort Wings de William Wellman. Ces films magnifiaient en grande partie la guerre. Dès les années 20, le ton a un peu changé avec La Grande parade de King Vidor (plus grand succès du cinéma muet) qui montre les dégâts de la guerre sans trop la remettre en question mais sans patriotisme exacerbé.

En 1930, le film de Lewis Milestone  A l’ouest rien de nouveau dénonce l’absurdité de la première guerre mondiale, de plus on se place du point de vue du côté ennemi, du côté allemand. En 1937, sort La Grande Illusion de Jean Renoir, qui dénonce la grande  guerre met en scène une histoire d’amour entre un français et une civile allemande. Le film a un certain impact car Renoir est un vétéran de la « der des ders ». Avec la seconde guerre mondiale , c’est le retour des film pro-guerre et de la propagande avec In wich we serve de David Lean Bataan de Tay Garnett. Après la guerre  et pendant toutes les années 50 et le début des années 60, ce genre de film continue d’autant qu’on voit la seconde guerre mondiale comme la lutte du bien contre le mal. Cela se voit dans des films comme Sands of Iwo Jima,Battle cry, Bitter Victory ,Men in war, Les Canons de Navarone et Le Jour le plus longDès les années 50, cependant des films refusent la glorification de la guerre comme Le Pont de la rivière Kwai en 1957. Toujours en 57, le film de Stanley Kubrick Les Sentiers de la gloire critique vertement la guerre mais à travers la guerre de 14. Le film dépeint de manière négative l’état major français et sera donc interdit dans l’hexagone jusqu’en 1976.

Dans les années 70, la contre-culture remet en cause la morale traditionnelle et le patriotisme. Ajoutez à cela l’échec de la guerre du Vietnam et cela amène une nouvelle ère de films anti-guerre. Les films sur la guerre du Vietnam deviennent presque un genre en soi, des films souvent légendaires comme Voyage au bout de l’enfer ou Apocalypse Now. Dans les années 80, il y a Platoon, Full metal Jacket, Good morning Vietnam, Hamburger Hill, The Hanoi Hilton, Né un 4 juillet et enfin Outrages. Ces films montrent la guerre comme une horreur qui perd moralement  les hommes , une folie lancé par des politiciens corrompus et impérialistes. L’Amérique y est montré comme un pouvoir autoritaire et expansionniste. Les GI’s se livrent à toutes sortes d’exactions (ce qui est en partie vrai cf le massacre de My lai).

Dans les années 90-2000, c’est le retour du film patriotique s’inspirant en partie de Top Gunl’Amérique a enfin dépassé le traumatisme du Vietnam. Ces films sont fait en collaboration avec le Pentagone qui prête des équipements gratuitement, en échange, le film donne une bonne image de l’armée américaine et pousse le spectateur à s’engager.

Même si cette pratique date du muet, elle était assez rare , elle se généralise en cette fin de XXème siècle. A la sortie de Top Gun, des recruteurs se tenaient à la sortie des cinémas, il y a eu un boom des engagements. Ces films parlent soit de guerres modernes (souvent en les justifiant) par exemple En Territoire ennemi (guerre du Kosovo), Les Rois du désert, A l’épreuve du feu (guerre du golfe) L’Enfer du devoir (présence américaine au Moyen orient) La Chute du faucon noir (intervention en Somalie en 1993). Soit ils ressortent la « bonne guerre » c’est à dire la seconde guerre mondiale on le voit avec Pearl Harbor, Band of brothers,Windtalkers

Une exception cependant est Il faut sauver le soldat Ryan qui dépeint la guerre de façon très réaliste notamment les vingt premières minutes traitant du débarquement qui sont hyper-violentes . Ce film n’a pas eu le soutien du Pentagone. Certains films comme Green zone essaient de faire pour l’Irak ce qui a été fait pour le Vietnam mais sans le même succès. Aujourd’hui une troisième voie semble se dessiner qui ne glorifie pas la guerre mais ne critique pas non plus l’establishment politique et militaire ou se pose la question de savoir si c’était bien de ce se lancer dans telle ou telle guerre. Ces films racontent l’expérience, horrible des combattants et met en avant leur ambiguïté morale on le voit dans The pacific, Fury, et  Jarhead .

Clichés :

Quand je rentrerais : 

Si un soldat parle de ce qu’il compte faire après la guerre, il est à peu près sur de mourir juste après. Ce cliché existe pour rendre la mort du soldat plus tragique, voilà un jeune homme qui avait des projets, des rêves et ils sont réduits à néant par sa mort.

(Bon, ici sa mère en parle pour lui mais ça en revient au même)

L’officier instructeur casse-couilles: 

Ce sergent instructeur est incroyablement dur il maltraite, humilie ses hommes et les pousse à aller aux bout d’eux-même voire au delà. Il est évidemment haï par ceux-ci. Si c’est un type bien il fait ça pour les préparer à l’horreur que sera la guerre. Si c’est juste un salaud, c’est le cas le plus courant, il fait ça par pur sadisme. Dans le premier cas il y a le sergent Thomas Highway joué par Clint Eastwood dans Le Maitre de guerreDans le second cas il y a le célèbre sergent Hartman de Full metal Jacket et le capitaine Herbert Sobel de Band of brothers

Les méchants sont punis par là où ils ont péché car Hartman a tellement poussé à bout un de ses soldats, un gros qu’il surnomme Baleine, que celui-ci s’est effondré psychologiquement et l’a tué avant de se suicider. Concernant Sobel, ces hommes, poussé à bout, se sont plaints au haut commandement, qui a décidé de le réaffecter. Ceci dit, Sobel étant un personnage historique il y a débat pour savoir à quel point il était affreux, certains disent que la mini-série est injuste avec lui et qu’il a bien préparé ces hommes, d’autres disent que c’était un sadique incompétent. Le sergent Howell dans Tu ne tueras point subverti ce cliché car s’il est très cruel avec le héros, c’est parce que celui-ci est objecteur de conscience, il refuse même de toucher un fusil. Tout instructeur peterait les plombs face à une telle recrue.

 

Scène d’action badass/scène anti-guerre paradoxale: 

La scène d’action est attendue dans un film de guerre, elle sera généralement excitante, enivrante, bref elle rendra la guerre « sexy ». Ce n’est pas un problème si le but est de faire un film pro-guerre, c’en est un si votre film est censé la dénoncer. C’est un piège dans lequel la seconde catégorie tombe très souvent, d’ailleurs François Truffaut disait que les films anti-guerre n’existe pas puisque via le cinéma on voyait très bien l’aspect excitant de la guerre mais qu’on était protéger de son aspect horrifique. Même si vous montrer des massacres affreux, ce ne sera pas la même chose que de les voir en vrai. L’exemple le plus célèbre de ce problème est la scène de la chevauchée des walkyries dans Apocalypse Now censé critiquer l’attitude des soldats américains au Vietnam, mais aujourd’hui symbole de la « coolitude » de la guerre. On le voit d’ailleurs dans un autre film de guerre Jarhead où les soldats regardent cette scène et applaudissent en gueulant « allez-y les gars, buttez ces connards de niacoués!« .

Groupe hétéroclite de soldats : 

Comme je l’ai dit plus haut il y a souvent dans ces films un groupe d’hommes très différents faisant parti de la même unité. Ce sont souvent les mêmes types qui reviennent il y a donc des clichés à l’intérieur de ce cliché :

Le cul-terreux : 

C’est un gars de la campagne, il vient du Texas ou d’Alabama, il n’est pas très cultivé ou éduqué . Il est souvent un peu raciste. Cependant il a l’habitude de la vie au grand air, il est plus solide que les autres, il est fort comme un taureau et très courageux.

Le gros: 

Souffre douleur du groupe, fragile psychologiquement et « boulet » du régiment.

Le New-yorkais : 

C’est un gars de la ville, il fait contrepoids au cul terreux, il vient de Brooklyn  ou du Bronx (ou d’un autre quartier populaire), il est juif ou italo-américain. C’est un petit gars débrouillard qui a grandi dans la rue, il a parfois même frayé avec la mafia.

Le religieux :

C’est un gars très croyant qui connaît par cœur sa Bible, en récite souvent des versets notamment pendant le combat. Il remercie Dieu et embrasse sa croix quand il s’en sort vivant. Soit il est très doux et fait la guerre à contre cœur, soit c’est un fanatique qui est persuadé que l’ennemi est le « Mal » et que la guerre qu’il mène est sainte. L’exemple le plus célèbre de ce cliché est le soldat Daniel Jackson dans Il faut sauver le soldat Ryan (pour le premier cas), il y a aussi Boyd « Bible » Swan dans Fury ( pour le deuxième, mais c’est compréhensible puisqu’il combat les nazis). Très souvent ce personnage meurt à la fin. Desmond Toss dans Tu ne tueras point subverti ce cliché car il est tellement religieux qu’il refuse de tuer et de se battre. Il ne s’occupe que de soigner les blessés y compris ceux de l’ennemi et il s’en sort à la fin.

L’intello: 

C’est un gars très éduqué qui est allé à la fac, il a lu beaucoup de livres et sait énormément de choses. C’est souvent un peu un paria, il est moqué par les autres soldats même ceux-ci l’envient quelque part. Il est assez faible physiquement et un peu pétochard,  au fil du film, il s’endurcira et deviendra plus courageux et plus viril. C’est souvent aussi un idéaliste qui se pose des questions sur les raisons de la guerre. On peut voir ce cliché ,en parti, dans le personnage de Matt Eversmann dans La Chute du faucon noir . On le voit aussi dans le personnage de Thomas Searls dans Glory même si ce n’est pas vraiment un film de guerre puisque cela se passe durant la guerre de Sécession (cf intro).

Le vétéran : 

C’est un gars qui a fait plusieurs guerres, il fascine un peu les autres hommes par son expérience. Il est souvent désabusé et amer. Il n’a aucune illusion sur l’état-major ou les politiciens. Il peut être traumatisé par ce qu’il a vécu, voire souffrir de stress post-traumatique.

Le psychopathe : 

C’est un soldat qui adore la guerre car elle lui permet de se laisser aller à ses pulsions meurtrières légalement, il aime maltraiter les civils et massacrer les prisonniers désarmés. l’un des exemple est le lieutenant Spears dans Band of brothers ou Tony Meserve dans Outrages. 

Le petit jeune :

Il a 18-20 ans, sort à peine des jupes de sa mère et est toujours puceau.  le voilà cependant lancé dans la folie de la guerre. Soit il mourra très vite et sa mort sera particulièrement tragique et pathétique. Soit il sera pris en charge  par les autres hommes qui essaieront de l’endurcir, ajoutez à cela l’horreur des combats et ce petit garçon perdra son innocence et deviendra un homme. L’exemple le plus célèbre de ce type de personnage est Chris Taylor dans Platoonil y a aussi Norman Ellison dans Fury.

 

 

Un père pour ses hommes : 

Le général ou l’officier supérieur sera cela dans les films de guerre. Souvent il malmène ses hommes mais au fond tient beaucoup à eux, prend soin d’eux et fait tout pour que le maximum reste en vie. Il a toujours une boule au ventre quand l’un de ses hommes ne rentre pas. Il peut s’opposer et désobéir au haut état major pour sauver la vie de ses hommes ou leur procurer un peu de repos. Le major Winters correspond à ce cliché dans Band of brothers ou le général Garrison dans La Chute du faucon noir. Le personnage de Brad Pitt dans Fury est surnommé par ses hommes « Wardaddy«  .

La politique on en a rien à foutre : 

Lorsqu’un des soldats se pose des questions sur la légitimité de la guerre qu’ils sont en train de faire , les autres répondent toujours quelque chose de ce genre. Ils disent qu’il faut uniquement se concentrer sur le combat. Ce cliché est en parti vrai les militaires disent souvent qu’ils n’ont pas le loisir de se poser ce genre de questions.

Moralité ambiguë : 

Dans les films de guerre de ces dernières années il y a une grande ambiguïté morale de la part des héros . Par le passé dans les films qui mettaient en avant l’aspect glorieux de la guerre, les soldats étaient tous bons (sauf l’éventuel psychopathe). Ensuite dans les films de guerre du Vietnam il y avait un certain manichéisme avec des soldats tout bon, des saints et d’autres qui étaient des monstres absolus. On le voit avec Platoon où il y a opposition entre l’affreux sergent Barnes (tueur de civils hommes femmes et enfants, tortionnaire, tue ses frères d’armes quand ils le gênent etc…) et le très pur  Elias Grodin . De nos jours les soldats peuvent faire des choses affreuses mais rester des hommes fondamentalement bons.

Camaraderie: 

Les soldats en vivant l’horreur ensemble deviennent comme des frères. Il y a entre eux un lien que rien ne peut tuer ou détruire. C’est tout le sujet de Band of brothers

Pas si différent :

Dans un film de guerre il y a toujours un moment où les héros se rendent compte que l’ennemi n’est au fond pas si différent. L’autre armée a traversé les mêmes épreuves connu la même camaraderie etc… il y a une scène particulièrement poignante dessus dans Band of brothers.

Tu diras à ma femme…:

Evidemment dans un film de guerre il y a beaucoup de morts, et il y a toujours un moment où un soldat mortellement blessé dit à un autre, qui le tient dans ses bras en sanglotant, de dire tel ou tel chose à sa femme ou un membre de sa famille, il peut même lui confier un objet ou une lettre à lui donner. C’est LE grand moment de pathos du film de guerre. Les exemples sont trop nombreux pour être donner ici mais il y a un contre exemple la mort du personnage joué par Vin Diesel dans  Il faut sauver le soldat RyanIl meurt seul sans personne pour l’accompagner dans ce moment ou prendre la lettre de son père car un sniper n’est pas loin.

Madame,Monsieur votre fils est mort :

Lorsqu’on doit annoncer la mort d’un des hommes à sa famille on envoie toujours deux soldats en grand uniforme sonner à leur porte. Malgré le titre que j’ai donné à ce cliché ils n’ont souvent rien besoin de dire, rien qu’en les voyant les parents comprennent. La mère s’effondre en larmes et le père reste stoïque. Plus tard, il y a un grand enterrement avec des cornemuses jouant « amazing grace », des soldats tirant des salves en l’air. On donne ensuite aux parents le drapeau qu’il y avait sur le cercueil après l’avoir plié. Du coup ils ont perdu un fils et en échange on leur donne un drapeau, il me semble qu’ils se font rouler, mais bon.

 

 

 

Mélodrame

 

Le mélodrame a très mauvaise presse, le mot même est devenu péjoratif, on l’accuse d’en faire trop, d’être tire-larmes (mais à ce moment là autant dire que les comédies sont tire-rires ou que les films d’horreur sont tire-peur). Pourtant c’est l’un des genres les plus populaires. Les plus grands succès publics et critiques du cinéma sont des mélos par exemple Autant en emporte le vent (le film le plus populaire de tous les temps) Titanic (un des quelques films à avoir cumulé le statut du plus grand succès de l’Histoire et de film le plus oscarisé avec 11 statuettes), Le Docteur Jivago, Le Patient anglais, Out of Africa, Casablanca (qui a été nommé meilleur scénario de l’Histoire du cinéma par la guilde des scénaristes américains) etc. C’est un de ces genres qui a toujours existé et existera tant qu’il y aura du cinéma (et oui encore un).

Je l’ai mis dans la catégorie romantique car les mélos mettent très souvent en scène des histoires d’amour compliquées (c’est le cas de 98 % d’entre eux) mais il existe des mélos sans histoire d’amour. Le mélodrame cinématographique descend du mélodrame théâtral inventé à la fin du XIXème siècle et héritier du drame bourgeois et du théâtre de foire. C’était un genre populaire qui réunissait action théâtrale et musique d’où son nom qui vient du grec mélos= musique drama= action, ce qui en fait un ancêtre du cinéma dans son ensemble. Il accentuait les effets de pathétique, mettait en scène une succession de malheurs avec des sentiments et des émotions exacerbées il y avait  un certain manichéisme et peu de souci de vraisemblance.

Le cinéma a repris beaucoup de ces aspects, l’un des premiers maitres du genre est David Wark Griffith, le grand réalisateur du muet, avec Naissance d’une nation , Le Lys brisé, Les Deux orphelines, Way down east. Les films de Chaplin avaient beaucoup d’aspects mélodramatiques on le voit dans The Kid ou L’Opinion publique. Autant en emporte le vent sort en 1939, c’est le mélo le plus célèbre de l’Histoire .  Dans les années 50 sortent les chefs d’oeuvre de Douglas Sirk comme Tout ce que le ciel permet, Ecrit sur du vent, Le Temps d’aimer et le temps de mourir, et le très beau Mirage de la vie. Ces films reprenaient l’esthétique du mélodrame (kitsch, outrance visuelle ,partition musicale omniprésente) mais abordaient aussi des problèmes sociaux sérieux, l’envers de l’american way of life , on y parlait de la place des femmes, des conflits de classe, du racisme et de la ségrégation raciale en vigueur à l’époque etc… A la meme époque en Italie Visconti réalise Senso. En 59 Leo McCarey sort  Elle et lui . En 1965 sort Le Docteur Jivago de David Lean.

Le genre est moins présent dans les années 70-80. Il y a malgré tout Love story en 1970, les films de Rainer Wainer Fassbinder comme Tous les autres s’appellent Ali et  Lili Marleen ou encore Out of Africa de Sydney Pollack. Le genre fait un comeback dans les années 90 avec La Leçon de piano de Jane Campion, Adieu ma concubine de Chen Kaige, Sur la route de Madison de Clint Eastwood, Le Patient anglais d’Anthony Minghella et  Titanic de James Cameron. Dans les années 2000 il y a DevdasPearl HarborLoin du paradis (un hommage à Douglas Sirk) Angel de François Ozon et Nos étoiles contraires.

Clichés :

Histoire d’amour impossible :

C’est l’histoire de base de l’immense majorité des mélodrames , je dirais même que ce concept est leur colonne vertébrale. Le public a toujours eu et aura toujours de la sympathie pour les couples qui souffrent à cause de leur amour et que la société ou leur entourage veut séparer pour des raisons idiotes. Les exemples sont légion et trop nombreux  pour être cités ici. Je vais donc parler de ceux qui ont évité ou subverti ce cliché.

Par exemple dans Autant en emporte le vent l’histoire d’amour n’est pas impossible au sens où on l’entend de façon courante. Scarlett O’Hara et Rhett Butler auraient pu facilement se marier(ils le font d’ailleurs) même si Rhett a mauvaise réputation. Ils ne sont pas séparés, comme c’est souvent le cas dans ces films, par la classe sociale, la race, la religion, une guerre ( il y en a une mais ils sont dans le même camp) une haine familiale ancestrale ou le fait que l’un d’eux soit déjà marié . Leur histoire est rendue impossible d’abord par l’aveuglement de Scarlett persuadée d’être amoureuse d’Ashley Wilkes, puis par le fait qu’elle est tellement difficile à vivre et enfin par la mort de leur enfant. Scarlett se rendra compte à quel point elle aimait Rhett quand il sera trop tard.

Il n’y a pas d’histoire d’amour à proprement parler dans Mirage de la vie (Imitation of life) enfin si, une intrigue secondaire, mais ce que le public a retenu  c’est surtout l’histoire d’Annie Johnson et de sa fille Sarah Jane Johnson. En effet Sarah est une métisse très claire qui peut passer pour blanche, hors dans l’Amérique de 1959 elle comprend que ça lui rendrait la vie plus facile. Elle décide donc de renier sa mère noire et de partir faire sa vie en tant que blanche. Sa mère la suit de loin, ne pouvant se passer de son enfant. Elle finira par mourir de chagrin à cause de cette séparation.

 

 

Baiser sous la pluie:

Autre grand cliché du cinéma romantique, le baiser sous la pluie est quasiment une figure imposée. Il a souvent été moqué et parodié mais il reste efficace. Qu’est-ce qu’il fait qu’un baiser ou plus généralement une scène romantique est plus belle sous la pluie ? Je ne saurais l’expliquer mais c’est le cas. Dans la réalité les gens s’embrassent rarement sous la pluie, c’est peut-être pour montrer que la passion est tellement forte que les amoureux font fi des intempéries. L’un des baisers sous la pluie les plus iconiques est celui de N’oublie jamais (The Notebook).

 

 

Piano, violons et autres musiques larmoyantes:

Le mélodrame étant à la base un drame en musique, c’est attendu. Mais la musique de mélo est particulièrement présente et elle est orchestrale. On utilise généralement une musique douce et triste faite avec du piano ou des violons, rarement du djembé ou de la guitare électrique. D’ailleurs on en a tiré l’expression « sortez les violons » quand quelqu’un raconte une histoire triste. La musique est là pour exacerber les émotions du spectateur. Beaucoup de musiques de film célèbres sont des musiques de mélo car c’est un élément crucial de ce genre. On le voit avec la musique d’Autant en emporte le vent ou celle de Titanic (qui reste celle qui s’est le mieux vendue de tous les temps).

 

 

Contexte historique dramatique:

De nombreux mélodrames ont une toile de fond historique. C’est généralement des moments spectaculaires et dramatiques de l’Histoire. Au début les personnages ont leurs histoires d’amour compliquées et un évènement historique dramatique vient en rajouter une couche. On le voit dans Autant en emporte le vent avec la guerre de Sécession et la destruction du vieux sud . Dans Le Docteur Jivago il y a la première guerre mondiale, la révolution russe, la guerre civile russe, la grande famine de 1921 et les débuts du stalinisme (la Russie a vraiment morflé à cette époque). Il y a aussi Le Patient anglais avec la seconde guerre mondiale et Titanic avec le fameux naufrage.

Certains mélodrames subvertissent ce cliché en mettant en scène une histoire au long cours et les changements de mentalités qui se sont passés sur le long terme. Ces films prennent parfois l’allure de véritable sagas familiales et se passent sur des décennies. On le voit avec Géant de George Stevens qui raconte l’histoire du Texas des années 20 aux années 50 avec le passage d’une économie dominée par l’élevage à une économie basée sur le pétrole.

Bon dit comme ça, ça n’est pas très mélodramatique en réalité cet aspect est inséré dans l’histoire d’amour: Jett Rink est un domestique qui travaille pour Tony Benedict, un riche et grand éleveur qui le méprise. Il est amoureux de Leslie, la femme de celui-ci, mais il sait qu’il n’a rien à lui offrir. Un jour, il hérite d’un tout petit lopin de terre, y trouve du pétrole, devient riche et rachète les terres de son ancien patron acculé. Désormais riche, il essaye de séduire Leslie, mais elle aime son mari. Il essaiera de séduire leur fille mais celle-ci le rejettera à son tour. Son argent ne lui a pas apporté le bonheur et il finit alcoolique.

Les Oiseaux se cachent pour mourir se passe dans l’Outback australien entre 1915 et 1969, c’est une histoire d’amour entre une propriétaire terrienne et un  prêtre. On voit les changements au sein de la société australienne et de l’Eglise.

 

 

Fin tragique:

C’est le fin de très nombreux mélos, ils finissent soit avec la mort d’un des amoureux, soit celle des deux ou alors des adieux déchirants. Les quelques contre exemples sont Elle et Lui, Tout ce que le ciel permet, Les Deux orphelines, Way down east et Naissance d’une nation qui finissent en happy end, Tous les autres s’appellent Ali a une fin qui est douce-amère.

 

 

Innocence persécutée :

C’est un vieux cliché qui a moins cours aujourd’hui mais, qui est un des plus anciens du mélodrame. C’est une personne parfaitement pure, toujours une jolie jeune femme, qui est maltraitée et persécutée par un monstre, toujours un homme plus âgé et très laid. Un beau jeune homme la secourra (où en tout cas essayera).

On le voit dans Le Lys brisé de Griffith où l’héroïne est battue par son père alcoolique, il la maltraite encore plus lorsqu’il apprend son histoire d’amour avec un asiatique, il finit d’ailleurs par la tuer. Dans Way down east, encore de Griffith ( D.W Griffith adorait ce cliché), Anna, une jeune fille naïve est séduite par un  gosse de riche qui la met enceinte et l’abandonne. Le bébé meurt et Anna refait sa vie dans une autre ville, tombe amoureuse et a une nouvelle relation. Cependant Dan, le gosse de riche, vient dans la ville et  raconte à tout le monde qu’Anna a eu un enfant hors mariage (sans dire que c’est le sien bien sur), ce qui est grave en 1920.

Son nouveau mec, et avec lui toute la ville, la rejettent. Anna est obligé de fuir à pied, elle est prise dans une tempête de neige, elle est sur le point de mourir mais son nouveau mec, pris de remord de l’avoir rejeté (surtout qu’il a entre temps appris que c’est Dan qui l’a mise enceinte) viens la sauver. Ils se marient et ils « vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants« .

 

 

Le viol  :

Le viol ou le risque de viol est souvent utilisé dans ce genre d’histoire pour créer du pathos ou du suspense.  Ce procédé manque un peu de tact mais en même temps il vient du fait que les gens admettent que le viol est l’une des pires chose qu’il puisse arriver à quelqu’un.

Toute l’histoire de Naissance d’une Nation tourne autour de cela. Dans l’Amérique de l’après guerre de Sécession, les méchants esclaves noirs affranchis  veulent profiter de leur liberté pour violer leurs gentilles et pures ex-maîtresses blanches. Notamment un personnage appelé Gus, qui demande la sœur du héros en mariage, celle-ci s’enfuit, il la poursuit, et elle préfère sauter d’une falaise que de se donner à un nègre. Le héros du film suite à ce drame, aura l’idée de créer le Ku Klux Klan pour venger sa sœur( oui, oui, les héros du film sont des mecs du Ku Klux Klan, il faut dire que Griffith avait un avis bien à lui sur les questions raciales). Dans Le Docteur Jivago Lara est régulièrement violée par le compagnon de sa mère.

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Super long:

Les mélodrames sont aussi célèbres pour leur longue durée, Autant en emporte le vent dure plus de 4 heures, Titanic dure 3 heures et demi tout comme Le Docteur Jivago et Géant. Le Patient anglais dure 2 heures 42. La plupart des films de Bollywood (en tous cas jusqu’à récemment) sont des mélodrames et ils durent généralement plus de 3 heures par exemple Devdas de Sanjay Leela Bhansali dure 3 heures cinq.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comédie romantique

La comédie romantique est un de ces genres qui a toujours existé et ne mourra jamais. Il est né avec le cinéma et ses « ancêtres » sont certaines pièces de théâtre de la Grèce antique, mais surtout les comédies de Shakespeare comme Le Songe d’une nuit d’été, Beaucoup de bruit pour rien, Le Marchand de Veniseou La Mégère apprivoisée, même si ces dernières années Hollywood s’inspire surtout de Jane AustenCes films racontent la rencontre de deux personnes qui ne s’apprécient pas, finissent par tomber amoureuses, s’éloignent à nouveau, à cause d’une dispute et se réunissent à la fin. La fin d’une comédie romantique est toujours heureuse.  Ce genre s’adresse avant tout à un public féminin, le personnage principal est presque toujours une femme et c’est le seul genre où les réalisatrices sont en grand nombre. On peut citer comme grandes comédie romantique les films écrits ou réalisés par Richard Curtis comme Love Actually, 4 mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Le Journal de Bridget Jones.   Les classiques comme New York-Miami ou The Awful truth. Des films plus récents comme Sex in the city,  Hitch et L’Arnacoeur.  Il y a aussi les films écrits ou réalisés par Nora Ephron comme Nuits Blanches à Seattle, Quand Harry rencontre Sally et Vous avez un message.

Clichés

Je t’aime -moi non plus : 

Souvent, au début d’une comédie romantique, les deux héros se détestent, ou ressentent une grande animosité l’un envers l’autre. Évidemment, cela cache une forte attirance, celle-ci est souvent même la cause de cette animosité. Il y a une forte tension sexuelle évidente pour tout le monde, sauf pour les intéressés qui nient son existence. Ce cliché vient de Shakespeare et de Beaucoup de bruit pour rien. Évidemment, les deux héros finiront par reconnaître qu’ils s’aiment et se mettront ensemble. Ce cliché existe pour créer un contraste saisissant entre l’amour et la haine qui lient les deux personnages. On peut voir ce cliché avec les persos de Clark Gable et Claudette Colbert dans New-York-MiamiBridget Jones et Mark Darcy ou encore les deux héros de Vous avez un message qui possèdent deux librairies concurrentes situées côte à côte. Celle de l’homme, Joe Fox, appartient à un grand groupe (genre Fnac), qu’il dirige, et bouffe la clientèle de celle de Kathleen Kelly, qui est une petite librairie familiale.

La séparation de la fin du second acte : 

Il arrive toujours un moment dans une comédie romantique où comme dit plus haut après avoir dépassé leur animosité et s’être mis ensemble, les personnages se séparent à nouveau. À cause d’un malentendu, d’une dispute ou alors ils baissent les bras face à la pression sociale/familiale. Ils vont chacun de leurs côtés et ruminent avant de se réunir de façon spectaculaire. On appelle ça une séparation de fin de second acte car les films comme les pièces de théâtre sont séparés en 3 actes le premier contenant la situation initiale, l’élément perturbateur et les premières péripéties, le deuxième contient le nœud de l’intrigue et le troisième le climax et le dénouement.

Course à l’aéroport : 

Après la séparation, la fille décide de quitter la ville/le pays, pour un nouveau départ. C’est toujours l’homme qui,  au dernier moment, décide de courir à l’aéroport avant que son avion ne décolle pour lui dire qu’il l’aime et la convaincre de rester. Il la rattrape in extremis, la persuade de se remettre avec lui et ils s’embrassent sous les applaudissements des badauds. Ce cliché est utilisé car il est très romantique et amène beaucoup de suspense, si le héros arrive ne serait-ce qu’une minute en retard c’est fini.

Une grande métropole: 

Les comédies romantiques ne se passent jamais dans des petits villages du fin fond du Larzac ou du Kentucky , mais toujours dans des grandes villes, généralement Londres ou New York,  Paris, très rarement Los Angeles étonnement (Pretty Woman étant une exception). Ce cliché existe parce que ces lieux font rêver, Central Park, Soho ou les Champs Elysées sont plus romantiques que les fermes du Kentucky. Ce cliché est évité dans Nuits Blanches à Seattle qui comme son nom l’indique se passe dans la très peu glamour Seattle, même si une partie du film et surtout le climax se passe à New-York.

Milieu aisé :

Les comédies romantiques mettent généralement en scène des gens aisés, c’est pas que les pauvres ne peuvent pas vivre de grandes histoires d’amour, mais ça ne ferait pas rêver la ménagère de moins de 50 ans. On le voit avec les personnages de Sex and the city qui font partie de l’élite de Manhattan, par exemple Carrie est capable d’acheter très régulièrement des dizaines de paires de chaussures à 450 dollars. Bridget Jones est une journaliste télé réputée et son « chéri » Mark Darcy est un grand avocat. Ce cliché est faussement évité dans Coup de foudre à Notting Hill où Hugh Grant joue un simple libraire tombant amoureux d’une star de cinéma. Ceci dit, être libraire dans le très chic quartier de Notting Hill, c’est déjà être aisé.  Il est réellement évité dans Vous avez un message où Meg Ryan joue une libraire  au bord de la faillite, ceci dit elle tombe amoureuse d’un multi-millionaire. Dans Coup de foudre à Manhattan Jennifer Lopez joue une femme de ménage  mère célibataire, mais qui là encore tombe amoureuse d’un multi-millionaire. Il y a évidemment Pretty Woman où Julia Roberts joue une prostituée qui tombe amoureuse de son client multi-millionaire. Quand il y a des pauvres ils doivent tomber amoureux de riches (même si je comprend bien que c’est aussi pour le côté amour impossible séparé par la classe sociale, mais ça en dit quand même long, il n’y aucun couple de pauvres).

Copions Jane Austen :

C’est ce que semble se dire beaucoup de scénaristes de comédie romantique à Hollywood. En effet, de nombreux films de ce genre ne sont que des adaptations modernes des romans de l’auteur anglaise. Bridget Jones est tiré d’Orgueil et Préjugés et le héros masculin a le même nom que dans le roman, « Darcy » (D’ailleurs Colin Firth avait joué Darcy dans une adaptation plus fidèle du roman en 1995, c’est sûrement en partie pour ça qu’on l’a choisi pour ce rôle dans Bridget Jones). From Prada to nada est une relecture de Raison et sentiments. Coup de foudre à Bollywood est tiré lui aussi d’Orgueil et préjugés. Clueless est tiré d’Emma. 10 Bonnes raisons de te larguer évite ce cliché car il est tiré de Shakespeare, c’est une adaptation moderne de La Mégère apprivoisée.

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(Jane, une scénariste très demandée)

Déclaration d’amour spectaculaire :

Souvent dans ces films l’homme (c’est toujours lui qui le fait) va dire son amour à sa belle de façon spectaculaire, inventive et originale, ce qui fera évidemment craquer la jeune fille.

 

 

Film Historique

Ce genre est aussi vieux que le cinéma lui-même, le premier film historique est La Cène d’Alice Guy, réalisé en 1898. La même année et l’année suivante elle fait d’autres films racontant d’autres moments de la vie du Christ. L’année 1900 voit la sortie du premier film sur Jeanne d’Arc. En 1908, le premier film qui se veut une oeuvre d’art et pas juste un divertissement est un film historique, c’est L’Assassinat du duc de Guise joué par les acteurs de la Comédie Française. C’est aussi le premier film avec un scénario détaillé et une musique originale, composée par Camille Saint-Saëns.

Le film historique est composé de tout un tas de sous-genres comme le film de capes et d’épées, le péplum, le film épique, le western etc… Ici je vais me contenter de parler de manière générale car aucun de ces sous-genres ne pourraient remplir un article en soi, de plus je vais insister sur les rapports compliqués qu’entretiennent cinéma et Histoire. Les films historiques en disent plus sur l’époque à laquelle ils ont été produits que sur l’époque de laquelle ils traitent. En effet le regard sur le passé est déformé par le présent et on y trouve plein de parti-pris idéologiques, d’anachronismes etc. Un film historique avec la reconstitution, les costumes et tout le reste coûte souvent très cher, il faut donc absolument rendre le passé « sexy » et vendeur pour l’époque moderne si on veut rentrer dans ses frais. Cela mène parfois à des choses parfois intéressantes, mais souvent ridicules.

Ce genre est pérenne il n’a jamais vraiment connu de hauts, de bas ou été menacé de disparition, tant qu’il y aura du cinéma, il y aura des films historiques. Ceci dit, ce n’est pas le cas des sous-genres, par exemple le western et le film de cape et d’épées ont disparu dans les années 70, ce dernier a connu un petit retour dans les années 90-2000 avec Les Trois mousquetaires, L’Homme au masque de Fer, Le Masque de Zorro, D’Artagnan, Le Comte de Monte-Cristo, La Légende de Zorro avant de disparaître à nouveau. Les péplums ont eu une grande popularité dans les années 1910-1920 avec Cabiria, le premier Ben Hur (1925), Le Roi des rois etc. Ils sont revenus au goût du jour dans les années 50-60 avec Samson et Dalila, David et Bethsabée , Les Dix Commandements, Quo Vadis, La Chute de l’empire romain et enfin Ben Hur le remake (1959). Le genre disparaît à nouveau en 1965, pour réapparaitre dans les années 2000 après le succès de Gladiator avec Troie, Alexandre, 300, Agora, Une Nuit avec le roi, La Passion du Christ, Le Choc des Titans et bien d’autres

Clichés :

Glorification d’un personnage historique :

Vous êtes scénariste ou réalisateur et vous avez trouvé dans un livre d’Histoire ou un documentaire une super petite histoire qui ferait un grand film. Vous aurez alors comme héros un personnage historique ce qui rendra votre film plus crédible et réaliste. Mais le problème c’est que la vie n’est pas un film et la personne en question n’était pas un chevalier blanc mais un être complexe qui avait probablement des caractéristiques négatives, il possédait des esclaves, il était misogyne, raciste ou autre chose. Vous devez donc mettre ces aspects sous le boisseau, et faire du personnage historique un héros de film archétypal.

On le voit dans Braveheart où William Wallace est montré comme un combattant bon, juste et courageux , qui venge sa femme violée et tuée par les anglais. Tel le Christ il est trahit par un de ses amis, livré aux anglais et exécuté en hurlant « libertééééé! ».En réalité William Wallace n’était pas le leader de la lutte pour l’indépendance écossaise et il avait surtout des méthodes douteuses. Il violait les femmes, brulait des écoles avec enfants et professeurs à l’intérieur, et torturait ses ennemis. Ceci dit les anglais n’étaient pas mieux.

L’autre exemple est celui de Von Stauffenberg et de ses co-conspirateurs dans Valkyrie. Von Stauffenberg et un groupe d’officiers ont tenté d’assassiner Hitler pendant l’été 44, donc ce sont forcément des héros n’est-ce pas ? Hé bien oui et non , le problème est que le film en fait des hommes ouverts d’esprit ,d’une grande bonté, des parangons de tolérance qui réprouvent le racisme et l’antisémitisme. En réalité Stauffenberg et les autres officiers méprisaient les juifs et les « races inférieures », ils pensaient juste que les exterminer c’était aller un peu trop loin, et leurs valeurs catholiques leurs faisaient réprouver les massacres de masse. De plus ils voyaient bien que la guerre était perdue et cherchaient à négocier avec les alliés pour limiter les dégâts, alors qu’Hitler ne voulait pas en entendre parler.

Les Spartiates de 300 sont montrés comme des combattants de la liberté et de la démocratie. En réalité la société Spartiate était autoritaire, eugéniste (Ils jetaient dans un précipice les bébés handicapés ou non parfaits) et préfigurait le fascisme. Dans ce film les spartiates représentent les Etats-Unis et de façon générale, l’Occident libre face aux Perses qui représentent les islamistes( les lâches refusant de combattre les perses représentent les français refusant d’intervenir en Irak et de façon générale tous les « gauchistes » critiquant la politique des USA au Moyen Orient). Le film date de 2006, il a été réalisé en pleine guerre contre le terrorisme. C’est une sorte de brulot pro-Bush, Frank Miller, l’auteur du roman graphique dont le film est l’adaptation, est un néo-conservateur.

Heinrich Harrer le héros de 7 ans au Tibet est montré comme un homme bon qui ouvre ses chakras grâce à la spiritualité tibétaine. Malgré le fait qu’il soit un autrichien dans les années 30, il est profondément anti-nazi. En réalité Harrer était un nazi convaincu à cette époque, même s’il a renié ce choix dans sa vieillesse. Ce cliché est évité dans Lawrence d’Arabie où David Lean, le réalisateur, n’efface pas les défauts de Lawrence et montre son sadisme, son narcissisme et surtout il montre le massacre qu’il a commis à Tafas, ce que n’importe quel autre réalisateur aurait passé sous silence. Le vrai tour de force c’est que malgré tout cela Lawrence ne devient pas un méchant pour autant, il garde notre sympathie.

Dans la série Les Tudors Henry VIII (et l’ensemble des personnages)est montré tel qu’il était, on ne cache pas ses intrigues , sa soif de pouvoir, les massacres d’hommes, de femmes et d’enfants qu’il a commis durant pèlerinage de grâce , notamment. On met en avant le fait qu’il a fait executer ses femmes, presque tous ses amis d’enfance, ses ministres, ses conseillers ( en tout 72 000 personnes). On voit qu’il était persuadé d’être le lieutenant de Dieu sur terre et que sa volonté et la volonté divine ne faisaient qu’une. Les autres personnages de la série ne sont pas spécialement mieux d’ailleurs, ce sont tous des salauds (à l’exception de Robert Aske) mais on a de la sympathie pour eux lorsqu’ils se font executer. Henry ne courant jamais ce risque, il n’en bénéficie pas.

Diabolisation d’un personnage historique :

Même chose que plus haut si vous avez une bonne histoire il faut trouver un méchant mais les humains n’étant ni tout bon ni tout mauvais il faut prendre le personnage historique, effacer ses qualités et exagérer ses défauts voire en inventer de nouveaux. C’est le cas d’Antonio Salieri dans Amadeus qui est montré comme un rival jaloux et obsessionnel de Mozart. Il fait tout pour le détruire professionnellement et personnellement. En réalité Salieri était un composeur respecté et s’il a eu avec Mozart une période de rivalité, ils sont vite devenus bons amis, Salieri a même aider l’autrichien à trouver du travail.

Il y a aussi Raspoutine qui, dans la plupart des films dans lesquels il apparaît est montré comme un sorcier maléfique, manipulateur, un satyre qui controlait en secret la Russie et l’a menée dans l’abime. En réalité Raspoutine était juste une sorte de moine autoproclamé à la théologie un peu spéciale et à la fidélité conjugale douteuse (mais ce n’était pas un obsédé comme le montre les films) qui arrivait a calmer les crises d’hémophilie du tsarévitch(grâce à des pouvoirs surnaturels ou de l’hypnose ? on ne le saura jamais). Il n’a pas contrôlé la Russie même s’il a profité de sa position pour obtenir de l’argent, du pouvoir, et a tenté d’influencer le Tsar pour qu’il ne fasse pas de guerres idiotes (Il a évité une guerre dans les balkans en 1908, il a échoué en 1914) et qu’il donne des droits aux juifs.

Enfin il y aussi l’empire perse de 300, qui est montré comme un empire dictatorial, expansionniste, dirigé par Xerxès, représenté comme une grande folle dépravée. En réalité l’Empire Perse était une grande civilisation tolérante et ouverte aux autres, en effet ils laissaient les peuples conquis pratiquer leurs religions (jusqu’à un certain point) et les promouvaient à de hauts postes s’ils étaient compétents.

Il fait tout le temps gris au Moyen-Age:

Cliché pas évident à voir au premier abord, mais si vous regarder attentivement la majorité des films dont l’action se passe au Moyen-Age, vous verrez que le temps est toujours gris.

Les gens étaient sales au Moyen-Age:

Cliché notamment diffusé par Les Visiteurs. S’ils étaient évidemment plus sales que nous, ils étaient bien plus propres que les gens des siècles qui ont suivis, de la Renaissance jusqu’au XIXème siècle. En effet à partir de la Renaissance on croit que les maladies passent par l’eau alors on évitait autant que possible son contact avec le corps.

Toutes ses dents:

Les personnages des films historiques n’ont souvent, à 25 ans passés, aucun problème de peaux, toutes leurs dents (blanches et propres d’ailleurs) et aucun pustule, ce qui était rarement le cas dans les époques représentées. Ce serait trop moche à voir je suppose, imaginez Keira Knightley édentée ou avec les dents noires et trouées dans The Duchess .

Histoire propre:

Dans les films représentant les cours royales des siècles passées comme Versailles, on ne montre jamais comment les courtisans urinaient et déféquaient un peu n’importe où, dans les cheminées, sur le parquais, derrière les rideaux etc… . La princesse Palatine, au XVIIème, disait que le château de Fontainebleau était « rempli de chieurs ». Comme dit plus haut à partir de la Renaissance les gens ne se lavent plus, personne ne montre pourtant les gens des XVI-XIXème comme étant sales.

Costumes :

Les films historiques mettent en avant des costumes chers, beaux, extravagants et somptueux . Liz Taylor a changé 65 fois de costumes dans Cléopâtre, c’est un record.

Discours badass pour motiver les troupes :

Dans ces films il y a un moment où le personnage principal, qui va mener ses troupes à la bataille, les encourage en leur lançant un grand discours avec une belle musique épique en fond. C’est toujours les mêmes thèmes qui sont ressassés, la liberté, l’indépendance etc. Ils sont assez peu réalistes car en ces temps d’avant les hauts parleurs, si vous vous adresser à des milliers d’hommes, ceux à l’arrière voire même au centre ne pourront pas vous entendre.

Les romains étaient des fous du cul:

Les romains dans les péplums sont souvent représentés ainsi, ce qui est en partie une réalité historique, mais a été largement exagéré. Il y avait une immense différence entre les mœurs très libertines de l’aristocratie et celles des romains lambda. Un romain moyen nous paraîtrait aujourd’hui bien puritain. On voit ce cliché dans Caligula ou la série Rome. Il est évité dans Gladiator où, hormis Commode, les personnages ont des mœurs classiques.

Le viking noir:

Souvent dans les films historiques on utilise des acteurs dont l’ethnie ne correspond au pays et à l’époque dans laquelle se passe le film. Ce procédé est utilisé soit pour obéir aux quotas, soit pour avoir l’air progressiste ou encore pour assumer l’aspect irréaliste d’un film, soit tout simplement parce que l’acteur en question était le meilleur au casting. On le voit dans l’adaptation de Beaucoup de bruit pour rien par Kenneth Branagh où Don Pedro le prince d’Aragon est joué par Denzel Washington. Eartha Kitt une actrice noire joue une femme viking dans Erik le Viking. Il y a beaucoup d’asiatiques dans Gangs of New York, hors cette population était quasi-inexistante dans la big-apple en 1863.

Histoire politiquement correcte:

Il faut rendre l’Histoire digérable pour le public et faire en sorte qu’il puisse s’identifier aux personnages. Le problème c’est que par le passé, les gens avaient des attitudes, des façons de penser incompréhensibles, voire détestables pour un public actuel . Alors on donne aux personnages censés vivre à une autre époque des attitudes et une mentalité modernes. Par exemple on donne à une héroïne du XVIIème siècle un esprit indépendant, féministe et les mêmes mœurs sexuelles qu’une femme du XXIème (théoriquement possible mais hautement improbable). C’est ridicule et malheureusement Hollywood utilise ce cliché sans arrêt. Dans The Patriot Mel Gibson joue un planteur de coton de Caroline du Sud au XVIIIème siècle qui refuse d’utiliser ses noirs comme esclaves et est totalement anti-raciste. Encore une fois c’est théoriquement possible mais dois-je souligner à quel point un tel personnage est aussi réaliste qu’un poisson volant (pour citer Audiard)? De plus un planteur qui aurait réellement agis ainsi aurait été méprisé et rejeté de tous et non admiré comme l’est ce personnage, je ne suis d’ailleurs même pas sûr que cette attitude aurait été légale. Dans Kingdom of Heaven le héros Balian( et dans une moindre mesure Saladin) est un humaniste ouvert, tolérant favorable à la liberté de culte. L’idée qu’on est libre de pratiquer la religion de son choix n’existe pas au Moyen-Age, de plus le film se passe pendant les croisades, l’ouverture et la tolérance n’étaient pas à l’ordre du jour, dans un camp comme dans l’autre. Une série comme Mad Men évite ce cliché et au contraire montre à quel point les mentalités ont changées par rapport aux années 50, les personnages sont ouvertement racistes, (extrêmement) sexistes, xénophobes etc.