Film d’espionnage

Le cinéma d’espionnage naît à l’air du muet,un peu avant la première guerre. Il s’inspire de la littérature d’invasion, un genre littéraire anglais très populaire entre 1871 et 1914. Les Anglais avaient été impressionnés par la victoire-éclaire des allemands durant la guerre franco-prussienne de 1870, de plus ils voyaient le Second Reich concurrencer l’Angleterre dans tous les domaines : militaire, économique, scientifique, coloniale, maritime etc. Ces romans racontent l’invasion brutale du Royaume-Uni par l’Allemagne. Cette idée a fini par tellement terrifier les anglais, que le gouvernement a créé le MI6 et le MI5 pour les rassurer.

Le genre décolle réellement au cinéma dans les années 20-30. En 1928, Fritz Lang sort Les Espions, il contient ce qui deviendra des clichés, car beaucoup d’autres réalisateurs réutiliseront ses idées : un méchant mégalomane cherchant à conquérir le monde et qui possède un quartier général secret ultra moderne, un agent secret dont on ne connait que le numéro, une belle espionne russe etc. mais n’allons pas trop vite, nous verrons tout cela plus tard. Alfred Hitchcock a fait beaucoup pour popularisé le genre avec L’Homme qui en savait trop (1934), l’excellent Les 39 marches (1935), Sabotage (1937) et Une femme disparaît (1938).

Avec la guerre froide, le genre atteint le sommet de sa popularité. Il y a, dès 1946, Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock, Un américain bien tranquille en 1958, La Mort aux trousses encore d’Hitchcock en 1959. 1962 est une grande année, puisque sortent deux classiques, The Manchurian candidate et James Bond contre Dr. No, premier d’une longue série d’adaptations des romans de Ian Fleming.

Si les films avec 007 sont peu réalistes et fantaisistes (et le seront de plus en plus avec le temps), les adaptations des romans de John Le Carré comme L’Espion qui venait du froid (1965) ou MI5 demande protection montrent une image plus réaliste et plus dure de la vie d’espion, loin du glamour et des gadgets. En effet Le Carré est un ancien espion lui-même. Depuis, le genre est tiraillé entre ces deux tendances. Dans les années 2000, la veine réaliste semble l’emporter, on le voit avec Syriana, la saga Jason Bourne, James Bond lui-même s’est mis au réalisme et a mis ses gadgets les plus fous au placard dans les films avec Daniel Craig. Il faut dire que les films fantaisistes ont été parodiés et moqués dans Austin Powers, Spy, OSS 117 ou Johnny English. La veine fantaisiste fait un timide retour via des films comme les deux Kingsman ou The Man from U.N.C.L.E.

L’espion ultra-classe:

Un espion de film doit être ultra-viril, mais en même temps suave. Il est toujours charmeur, très bien élevé, il a un langage châtier, c’est un véritable gentleman. Il a un goût sûr pour les cocktails ou les bonnes bouteilles, particulièrement les bouteilles de whisky. Il va très souvent à des réceptions huppées rencontrer le méchant et l’espionner, il doit donc y être crédible. Il est toujours en costard cravate ou nœud pap’ taillés sur mesures, même au milieu de la jungle amazonienne. Il les enlèvera occasionnellement pour montrer ses tablettes de chocolats. Il porte très souvent des lunettes de soleil. Comme exemples de ce cliche, il y a la totalité des James Bond, The Man from U.N.C.L.E, ou Chapeau melon et bottes de cuir. Le principal contre exemple est Alec Leamas, héros de L’Espion qui venait du froid. Kingsman caricature ce cliché et le pousse jusqu’à l’absurde. Ceci dit, c’est le seul exemple où le cliché est justifié, car la couverture de l’agence de renseignement est d’être un tailleur.

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Les Gadgets :

Les films d’espionnage, particulièrement depuis James Bond, sont célèbres pour leurs gadgets. La plupart sont complètements fantaisistes comme la cornemuse lance-flamme du Monde ne suffit pas , je ne vois pas l’utilité d’un tel objet, est-ce que ne serait pas un peu suspect de voir 007 s’amener dans le repaire du méchant OKLM avec une cornemuse ? Il y a aussi la cape d’invisibilité pour voiture dans Meurs un autre jour, sérieusement, c’est censé être James Bond ou Harry Potter ? En gadgets plus réalistes et utiles, il y a la bague avec caméra intégrée, on peut filmer incognito. Il y a le petit flingue caché dans la manche, les fausses empreintes digitales, les lunettes rayons x etc.

Le méchant étranger et défiguré

Le méchant d’un film d’espionnage est souvent étranger, ça se justifie par le fait qu’il menace le pays du héros, donc il ne pas va s’en prendre au sien. Durant la guerre froide, les russes étaient des méchants de choix. Ceci dit il n’est pas rare que les méchants veuillent s’attaquer au monde entier donc… Toujours est-il que le fait qu’il soit étranger lui donnera un accent terrifiant. Il est souvent défiguré comme Le Chiffre dans Casino Royal ou Raoul Silva ou encore Blofeld. Le méchant des 39 marches est étranger (on ne sait pas de quel pays il est) et s’il n’est pas défiguré, il lui manque un doigt.

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Les hommes de main :

Le méchant aura toujours autour de lui des hommes de main imposants, d’une grande force physique, mais pas d’une grande intelligence, certains sont carrément muets. Ils s’en prennent au héros et l’écrasent de leur force, heureusement, comme il est le plus malin, il finira par s’en sortir. Le plus célèbre de ces personnage est Jaws, appelé ainsi à cause de ses dents de fer qui brisent tout.

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La jolie fille:

C’est le « love-interest » du héros. Elle toujours très belle mais pas toujours très intelligente, elle résiste à notre agent au début et finit par céder. Elle est kidnappée par le méchant et sera sauvée par son amant.

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L’espionne russe:

L’espionne russe est la femme fatale du film d’espionnage, elle est ultra-sexy, intelligente mais aussi dangereuse et sans scrupule. Elle entretient une relation ambiguë avec le héros, elle le séduit pour obtenir des informations. Ce cliché semble venir d’un fantasme, bien occidental, qui veut que le KGB soit rempli de belles filles, grandes, blondes aux yeux bleus et à fortes poitrines, qui couchent avec des agents et des hauts dignitaires étrangers pour obtenir des renseignements. On voit des exemples de ce clichés avec : Anna Amasova et Tatiana Romanova dans Bons baisers de Russie, Natalya Simoniva dans Goldeneye , Evelyn Salt dans Salt et Dominika Egorova dans Red Sparrow. Ce cliché est évité dans Ninotchka , le personnage éponyme n’a rien de sexy ou de séducteur, c’est au contraire une femme très froide, frigide on pourrait dire, et c’est elle qui sera séduite et se retournera contre son pays.

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Le Monologue où le méchant explique son plan :

Le méchant, avant de tuer l’espion qu’il tient à sa merci, lui raconte par le menu son plan pour conquérir le monde/détruire (insérer pays)/ se faire plein de sous etc. Au lieu de tuer le mec qui l’a fait galérer, il écoute son narcissisme et veut que son ennemi admette son génie. Ce cliché ayant été trop moqué, il est devenu rare.

Agent-double:

C’est un cliché des films d’espionnage un peu plus réaliste, où il y a toujours un infiltré parmi les gentils. Ce procédé est utilisé pour créer des plots twists et autres coups de théâtre.

Moralité trouble:

Un autre cliché du film d’espionnage réaliste, où il n’y a pas le manichéisme des films fantaisistes. Les espions sont des gens profondément malheureux, car il doivent faire des choix difficiles, mentir à leurs proches, commettre des assassinats etc. Ils utilisent des procédés tellement douteux qu’ils se demandent ce qui les différencie vraiment des méchants qu’ils combattent , au fond c’est peut-être eux les méchants. C’est le thème central de Munich.

Le quartier général du méchant:

C’est un immense complexe, bien caché, sur une île, sous la mer, sous la terre etc. C’est un lieu bien protéger, il y a des centaines de garde, il est à la pointe de la technologie, le méchant a, lui aussi, tout un tas de gadgets. Le lieu sera détruit durant la bataille finale contre le héros.

Frenemy:

La conversation entre le héros et le méchant est toujours cordiale, ils discutent de façon civilisée autour d’un thé ou d’un repas avant d’aller se tuer l’un, l’autre. Ce cliché est particulièrement présent dans les James Bond avec Roger Moore.